ANNE-MARIE SIROIS "Vieillir en héros" du 9 mars au 19 mai au Centre des arts
Quelques années passées, suite à une visite rendue à ma vieille voisine dans un foyer pour personnes âgées, je m’attriste de constater sa dégénérescence physique et mentale. Je pense soudainement que seuls les héros et superhéros de bandes dessinées restent intacts. De cette rêverie naît un délire d’images dont les personnages de BD de mon enfance deviennent les vedettes. Comme personne n’échappe au vieillissement, je décide d’approfondir le sujet.
Vieillir n’est pas aisé quand la vue se détériore, quand les jambes ne supportent plus le corps ou que l’ouïe fait la sourde oreille. Certains adoptent la lecture ou le tricot comme passe-temps. D’autres s’empiffrent de malbouffe ou d’alcool pour chasser l’ennui. Je n’oublie pas les aînés au faible revenu obligés de visiter les banques alimentaires. Plusieurs aînés doivent s’adapter à un nouveau logement. D’autres apprennent à se déplacer au moyen de canne, marchette ou fauteuil roulant. Par le biais des héros et superhéros de BD, je peins plusieurs inconvénients du vieillissement. Il y a également certains volets plus heureux qui sont représentés.
C’est ainsi que Superman, partant en mission, porte une couche pour personne incontinente. On la devine sous ses collants trop serrés. Obélix lui, devient diabétique dû à son obésité. Il se déplace en petit chariot depuis l’amputation de ses jambes. Spiderman réside au foyer et prend soin de sa plante-araignée. Bien assis dans son fauteuil roulant, il se tricote des toiles pour passer le temps. Qu’en est-il de Tarzan roi de la jungle? Il doit apprendre à se déplacer en marchette à travers racines et lianes. En face du marché de poissons, vous apercevrez peut-être Wonder Woman. Avec de l’embonpoint et moulée dans son costume, elle attend nonchalamment le passage du maquereau le plus frais. Betty Boop, perdue dans ses souvenirs de travailleuse de cabaret, reste vêtue de son éternelle robe décolletée et sexy. Son corps ne possède plus les charmes d’antan. Elle boit pour oublier sa vie présente. Mickey Mouse se retrouve à la rue, endormie, avec une seringue plantée dans le bras. À côté de lui, malbouffe et un drapeau américain sali annoncent la déchéance de l’Amérique. Mais il n’y a pas que des inconvénients reliés à la vieillesse. Une surprise attend Blondie lorsque le détective Dick Tracy, au crâne maintenant dégarni et follement amoureux, lui offre une bague de fiançailles. Aux cheveux et barbes blanchis, le capitaine Haddock connaît son épiphanie en se faisant moine. Bien sûr, il choisit un abbaye où l’on fabrique de l’alcool! Ces héros et superhéros servent de véhicules pour aborder les différentes facettes du vieillissement. Une vingtaine de petits tableaux peints à l’acrylique sur plexiglas, de format 45,8 cm x 30,5 cm explorent le sujet. Bien évidemment, j’allège le thème en y mettant ma touche personnelle d’humour.
ANNE-MARIE SIROIS "Infiltration" du 9 mars au 19 mai au Centre des arts
En 2018, j’ai débuté le travail d’une série d’œuvres intitulée « Infiltration ». Chacun des petits tableaux créés dans cette série contient de minuscules créatures que j’ai nommées humanoïdes. Le fond de chacun des tableaux est peint en vert éclatant pour exprimer la vivacité des petits personnages. Cette couleur donne un effet vibrant à l'ensemble de l'exposition. Ces humanoïdes. Petites créatures ressemblant aux humains, se sont infiltrés dans une demeure. Les résidents, les ayant trouvés sympathiques, les ont hébergés. Ils étaient loin de se douter qu'ils vivraient une invasion de ces personnages insolite.
Les humanoïdes ne connaissent pas la vie à l'intérieur d'une maison ni l'utilisation des appareils ménagers. Ils explorent ces nouveautés, parfois à leurs dépens. C'est ainsi que le grabuge commence. Les résidents de la maison trouvent que les visiteurs dépassent les bornes. De plus, les humanoïdes s'étant multipliés deviennent de vraies petites pestes. Les hôtes n'éprouvent plus de pitié pour ces créatures envahissantes et essaient de les éliminer par toutes sortes de moyens.
J’ai fait usage d'objets trouvés ou récupérés pour aboutir à mes créations. Les personnages sont faits de porcelaine synthétique non cuite et d'argile polymère cuite au four de cuisine. Une couche de peinture aquarelle les colore, et du matte médium protège cette teinte. Des petites billes de verre collées à l'époxy font les yeux.
